Tonton René (Laurette Oberson)

 Lorsque la clé bute contre la serrure, que la poignée s’abaisse et que la porte cogne sous la poussée.

 Lorsque la clé pénètre et tourne dans la serrure, que la poignée s’abaisse et que la porte s’ouvre.

 Lorsqu’un silence pesant s’abat dans l’appartement quand il entre.

Lorsqu’il apparaît sur le seuil de la cuisine, se tenant aux chambranles, une grosse tache humide sur le devant du pantalon.

 Lorsqu’il s’approche pour dire bonsoir, lorsqu’il ouvre la bouche, cette cavité édentée, d’où une terrible odeur s’échappe.

 Lorsque, assis, sa tête ballotte, d’un côté de l’autre.

 Lorsqu’il essaye d’extirper de la poche de sa chemise, son paquet de Gauloise bleue, lorsqu’il tente d’allumer sa clope, mais que la flamme ne trouve pas le chemin. Lorsqu’il se lève et qu’il retombe sur sa chaise en jurant, lorsque debout, il titube jusqu’au salon.

 Lorsqu’il s’affale dans le fauteuil, pour regarder la télé. Lorsque, cinq minutes plus tard il s’endort dans une position grotesque.

 L’enfant est proie d’une peur qui le suffoque, le ravage et le laisse anéanti.

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