Un chalet. Un grand pré. Un pommier où une balançoire attend. Ma mère et ses quatre enfants.
Moi, je suis le numéro 3. Je suis une fille, mais j’aime porter des shorts comme les garçons, parce que, avec une robe, tu peux rien faire et on voit toutes tes culottes quand tu te penches. Je joue souvent avec mon frère, il a un côté aventurier.
L’ancien tas de fumier à côté du chalet, c’est notre bateau. On navigue à la recherche de l’île au Trésor. Quand on en a assez de jouer aux pirates, on part marcher dans les pâturages. Notre mère nous laisse y aller. Elle suspend un linge de cuisine au rebord de la fenêtre quand il faut rentrer.
Quand on est en haut du pâturage, on voit le chalet au loin. Avec mon frère, on se sent forts d’être si haut. Avec notre loupe, on essaie de faire brûler de l’herbe ou des feuilles, en faisant passer la lumière du soleil au travers. Ça ne marche jamais, mais on s’en fiche. Après on court dans l’herbe haute et on coupe les têtes des sorcières, des plantes avec des fleurs blanches qui ressemblent à des choux-fleurs.
Quand on rentre, on est un peu crottés. Je n’aime pas quand ma mère me dit : « Tu es vraiment un garçon manqué. ». J’ai l’impression qu’elle n’aime pas ça.