100% bio (Rita Genthon)

 

Recherchez, dans « Terre et Nature », les dates des marchés bio de votre région. Si vous êtes timide, allez-y en fin de journée, les vapeurs alcoolisées auront déliés les langues.

Habillez-vous en conséquence, longue jupe ample et fluide, un corsage en coton blanc qui mettra votre peau hâlée en valeur, des sandalettes en pneus récupérés, hyper confortables, protègeront discrètement vos pieds. N’attachez pas vos cheveux, laissez-les vivre.

N’oubliez pas l’accessoire indispensable : la besace colorée d’où dépasseront deux aiguilles à tricoter avec un ouvrage entamé. Vous pourrez ainsi y ranger les merveilles que vous achèterez lors de votre visite.

Devant les stands, les yeux tout ronds et la bouche rieuse, lâchez des

« Comme c’est beau, vous êtes un artiste !»

Personne ne résiste à la flatterie. Promenez-vous nonchalamment mais avec conviction, n’oubliez pas vous êtes en chasse.

Vous apercevez sa frimousse rieuse, elle vend des fromages de brebis. Une belle rouquine, toute bouclée avec une bouche gourmande qui ne craint pas les éclats, ni les sourires. Ses mains sont fines et délicates. Vous aimeriez les prendre dans les vôtres pour les masser délicatement, avec une crème à la lavande. Tandis que votre esprit entreprend de remonter le long de ses bras pour caresser les épaules de la belle rouquine, une armoire à glace arrive et l’enlace.

Un blond rougeaud avec des pognes qui cassent des noix rien qu’en les serrant. Leurs yeux se rejoignent et vous détournez les vôtres pour ne pas être éblouie par l’éclat de leur passion. De toute façon, vous n’aimez pas le fromage de brebis, ça pue.

Devant la presse à pomme, demandez un verre pour en déguster le jus : golden, gala et autres fidji.

«Mais c’est délicieux ».

Jeans taché, chemise à carreaux ouverte sur un t-shirt souillé, l’homme est là. Il manipule la presse avec délicatesse et puissance. Le jus s’écoule dans une immense bombonne à ses pieds. Vos narines se dilatent. Fermez les yeux pour mieux vous en imprégner.

Soudainement, sa voix vous tire de vos méandres olfactifs, il vous tend un verre.

« Vous voulez goûter ? »

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