Ultime étreinte (Julianne Farré)

Tendrement, j’ai posé mes mains sur les siennes, enserré ses doigts inertes. Mes mains pleines de vie, brûlantes du sang qui coulait dans mes veines. Mes doigts en fusion cherchant vainement à réchauffer les siens. J’ai baisé la sueur exhalée des pores de ses mains cireuses, exsangues, dont la dernière flamme se consumait, et prolongé indéfiniment ce dernier tête-à-tête.

Puis, j’ai caressé avec délicatesse son visage moite en dessinant des arabesques sur son front, sur les sillons de ses joues, sur les commissures de ses lèvres. J’ai effleuré ses cheveux désordonnés, plaquant délicatement les mèches rebelles sur ses oreilles. Tel un trésor, j’ai recueilli dans un mouchoir, deux larmes qui perlaient de ses yeux mi-clos et soufflé doucement dans son oreille des bouffées de réconfort et de tendresse.

Le moment est arrivé. Avec ma main tremblante, j’ai clôt ses paupières et relevé pudiquement le drap sur sa poitrine. Je l’ai enlacé, couvert de baisers, l’ai inondé d’un océan de larmes.

Pour conserver à jamais la mémoire de cette ultime étreinte, j’ai frotté les paumes de mes mains l’une contre l’autre, les ai portées à mon visage en les incrustant dans mes joues. Durant un long, très long moment.

 

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