Matière à réflexion (Nicole Lachat-Trezzini)

Verrues heureuses sur front lisse. Sourcils récalcitrants mal épilés. Paupières lourdes, tombantes sur yeux enfoncés, rapprochés, abimés. Pas bon œil. Grosse verrue sur le nez, oui encore une, sur nez épaté. Epaté de quoi ? De plus grand chose. Nez plus jamais enjoué d’être accompagné de joues dégonflées, oui, joues en aucun cas joueuses, joues tombant à la renverse, oui, elles aussi. Bajoues, vilaines bajoues granuleuses, affligées, poilues, piquantes à cause la naissance de poils. Emergence de petits kystes tâchés, envahissants, grains de peaux irréguliers, grains de sable, plage de peaux molles, pores dilatés, rides existentielles confortablement installées. Vagues lèvres inexistantes, pincées, rétrécies. Menton avancé préfèrerait être fuyant. Ne pas descendre plus bas sur ce visage amer, ce serait indécent tant la décadence et la mollesse sont devenues des alter égos. Arrêtons le voyage. L’horreur existe, oui, je l’ai rencontrée. Sur ce terrain de la face, heureusement que la fin existe, ça, ce n’est pas une farce.

 

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