Coups sur coups (Catherine Venturi Pinton)

L’horloge sonne 8 coups et j’en prends un p’tit de plus. La soirée s’annonce calme et sans surprise. Comme d’habitude, je pose mes pieds et mon verre sur la table. La télé s’allume, la lumière s’éteint. Au menu: un western spaghettis et des raviolis sauce tomate.

Le télé journal n’en finit pas. Les catastrophes, les attentats me plombent la soirée et le moral. Pendant la page de pub, je coupe le son et une part de gâteau.

Mais le silence est brisé par mon voisin et son marteau. Quelle idée de planter des clous à cette heure-ci ! Mieux vaut être sourd que d’entendre ça.

A mon tour, je frappe contre la paroi. Je hurle à me percer les poumons et les oreilles.

Le bruit s’arrête et les pub aussi.

Je remets le son et la musique du générique ne couvre pas les coups qui pleuvent à nouveau contre le mur. Je monte le son et la voix. Le film commence et le bruit cesse.

Dans une ville de l’Ouest, le shérif n’arrive plus à faire respecter la loi et moi le silence.

Les coups redoublent et ma patience s’effrite.

Je fulmine en sonnant chez le voisin et trépigne en attendant qu’il ouvre.

Personne. Je m’en retourne, non sans avoir donné des coups de pieds dans la porte et le dernier avertissement.

Le shérif fait appel à une bande de malfrats pour l’aider à coincer son pire ennemi.

Je les engagerais bien aussi, car le marteau assène à nouveau ses coups et le bruit me vrille le cerveau.

Je verse le tiroir de la cuisine sur le sol et deux doigts de whisky dans mon verre. Je me saisis d’un marteau et frappe contre le mur comme un demeuré.

Le plâtre tombe en pluie et ma sueur aussi.

Bientôt, j’aperçois le regard hébété de mon voisin et sa chambre à coucher.

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