L’ivrogne et le verre d’eau (Julianne Farré)

Le verre d’eau déplorait

Le dédain que lui portait

Un client fort aviné

Buvant un vin bouchonné.

Pour tenter de rétablir

L’honneur de son élixir

Il proposa au caviste

Un marché immoraliste.

« Je vous promets une prime

Pour vengeance légitime

De ma gloire bafouée

Si mon vœu vous exaucez ».

L’employé indélicat

Sans hésiter accepta.

Arborant large sourire,

Il déversa, le satyre,

Une poignée de sel fin

Glissée au creux de sa main,

Sans embarras ni vergogne,

Dans le verre de l’ivrogne.

L’effet fut instantané,

Le soulard dut rejeter

Avec spasmes et soubresauts

Son foie en méli-mélo.

L’ivrogne se mit à geindre,

Se lamenter et se plaindre

Pour qu’on lui apporte un verre

De cette eau qui désaltère.

Le verre d’eau rancunier

C’est là son moindre défaut

Dit au soulard tout de go

« Suis-je donc un bénitier ?

Vous voulez mon pur breuvage

Pour vous sauver du naufrage !

Vous préfériez le Pinot ?

Et bien vous n’aurez pas d’eau ! » 

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